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Entre chiens et loups
5 janvier 2009

Ce qui frappe d'abord...

ghNous sommes loin d'un club de troisième âge. Très loin. C'est un EHPAD. Et même si le personnel - irréprochable concernant celui que je fréquente et c'est à souligner - fait tout ce qu'il peut pour adoucir la fin de vie chaotique et perdue en dédales infinis de cerveaux aux connexions débranchées de ses résidents, l'ambiance est pesante et tranquillement désespérée.

Il y a beaucoup d'Alzheimer.

Il y a aussi beaucoup de personnes en fauteuil.

Il est à constater que beaucoup dont la tête est partie sont souvent physiquement très vaillants, et que ceux dont le corps n'est plus que trahison ont leurs neurones intacts. Est-ce partout pareil ?

Micro société en espace clos, ce petit monde ressemble en plus petit à ce que la société des hommes est en plus vaste avec ses clans, ses inimitiés, ses quelques vieilles querelles de villages qui perdurent et ses cancans. La ville est petite et tous les villages environnants s'y retrouvent. Ils se connaissent presque tous depuis trois quart de siècle et les jugements ont la vie dure.

Ce qui frappe d'abord, pour une grande majorité, est l'égoïsme infantile que chacun défend âprement par le caprice, la plainte et le chantage.

Ils ont peu de temps devant eux, ils ont peur, et la solitude même de très courte période leur semble un abandon définitif et rédhibitoire à la mort qui les guette. Esseulés, ils meublent ce silence plein de dangers par des cris, des appels mécaniquement répétés d'une voix monocorde ou des besoins naturels à expulser à intervalles trop rapprochés pour être honnêtement possibles.

A partir d'un certain âge et d'un certain état, ce qui panique le plus un humain est le vide qu'induit le silence.

Le contraste est donc frappant avec ceux ou celles qui attendent la faucheuse intraitable avec calme, douceur et sérénité. Ce sont d'ailleurs les plus souriants, les plus attentifs aux autres, les plus serviables aussi avec leurs congénères moins bien lotis. Ils ne craignent ni le silence, ni la solitude, qu'ils recherchent souvent sous les arbres du parc ou dans leurs chambres. Ce sont des contemplatifs de la nature, bien dans leur vie passée malgré les écueils d'une vie difficile et quelquefois les drames qu'ils n'ont pas oublié mais dont ils se sont détachés.

Une certaine appréciation poétique et contemplative de la vie préserverait-elle du désespoir de la mort ?

*

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Commentaires
A
J'y pense souvent en regardant "mes vieux" et je me demande régulièrement, pour certains, quel regard ils ont eu sur la vie, ou la vie sur eux, pour être aussi fragiles et démunis devant le temps qui passe. Aussi aigris aussi. Ils ont eu la vie dure pour la plupart, mais aucun échapatoire qui leur permette un recul sur les évènements. Mon arrière grand-père, qui travaillait à six ans, a eu l'énorme chance d'avoir l'humour chevillé au corps et ce magnifique regard d'enfant émerveillé sur la vie.<br /> Aaaah ! Toi aussi tu as la bougeotte ! Il était très bien ton premier blog, très très bien, et depuis, je crois que toi aussi tu cherchais ton petit paradis perdu...J'irai y faire un tour ce soir au calme.
D
dans quelques années, j'y pense parfois tout en essyant de ne pas rester sur ce sentiment d'incertitude... Les années passent si vite, et tout peut basculer si vite aussi ...J'aimerai resssembler aux contemplatifs dont tu parles,être habitée de sérénité ,de calme ... Ce n'est pas toujours le cas...<br /> <br /> Bon! heureuse de te retrouver chez toi entre chien et loup ....<br /> Je suis revenue aussi par un autre chemin mais qui finit par ressembler au tout premier...<br /> C'est là : http://comme-une-voile-au-vent.over-blog.com/
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